Tadjeddine Bachir, Acteur du numérique «L’Algérie possède les capacités pour devenir un leader du digital» La numérisation et la digitalisation s'accélèrent dans plusieurs secteurs. Quel sera leur impact?

Sans une transformation numérique efficace, un pays ne peut pas accélérer sa croissance, créer des emplois pour ses jeunes ou transformer son économie. La volonté politique pour la transformation numérique de l'Algérie est très claire et il suffit de voir combien de fois elle est mentionnée dans le discours du Président, d’ailleurs parmi les 54 engagements du chef de l’Etat, nous trouvons l’engagement n°25 qui stipule : "Réaliser une transformation numérique pour améliorer la communication et vulgariser l'usage des technologies de l'information et de la communication, notamment dans les services publics, et améliorer la gouvernance du secteur économique."

Cependant, nous avons besoin de mécanismes pratiques pour traduire cette volonté politique en action. Cela nécessite une coordination accrue entre les différents secteurs et agences gouvernementales, ainsi qu'un investissement continu dans les infrastructures et les services numériques. La mise en œuvre de l'e-gouvernement nécessite une vision claire et une stratégie partagée par tous, et nous pensons que l'Algérie possède les capacités matérielles et humaines pour devenir un leader numérique.

Quel bilan faites-vous de l'année 2022 concernant l'appropriation des TIC en Algérie?

On ne peut nier que l'Algérie a fait de grands progrès dans le secteur numérique ces dernières années, et je souligne les réalisations les plus importantes : le registre national de l’état civil numérisé, la CNIBE, la signature électronique, l’infrastructure internet et certains services en ligne. Toutefois, il y a des problèmes qui plombent cet élan de digitalisation en Algérie, je citerai à titre non exhaustif la multiplication des plateformes gouvernementales, les citoyens se perdent dans cette myriade de plateformes, chacune avec un design différent et nécessitant des identifiants différents. Il y a aussi une interopérabilité quasi inexistante, le travail en silos, le manque de coordination, les technologies différentes et parfois la peur de partager des informations signifie qu'il n'y a pas de coordination entre les différentes agences gouvernementales. Il n'y a pas de stratégie centrée sur le citoyen. De nombreux projets de transformation digitale ont été lancés pour automatiser la gestion de l'administration en interne, sans tenir compte de l'interaction avec les citoyens, ce qui a rendu la relation avec les citoyens encore plus difficile. Le recours au document papier. La non-utilisation de la signature électronique et la culture du «document papier qui fait foi» par manque de confiance restent un obstacle de taille qui empêche l’administration de faire le saut dans l’ère du tout digital.

Le débit d'Internet a augmenté. Est-ce suffisant pour accéder à la société de l'information et de la connaissance ?

Il convient de noter qu'il y a eu beaucoup de progrès dans la qualité d'Internet, Algérie Télécom a fait passer le débit de tous leurs abonnés qui étaient à 2 mégaoctets vers 10 mégaoctets sans aucune incidence sur le prix. L'Algérie a également augmenté sa bande passante internationale à 7,8 térabits/seconde contre 2,8 tb/s en 2021 et 1,5 tb/s en 2020. Il est évident qu’il y a encore place à l'amélioration de la qualité d'Internet dans notre pays, mais l'infrastructure actuelle est suffisamment performante pour soutenir le développement des services en ligne.

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